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Taux de certification croissant

D’accord : pour faire du papier, il faut du bois. Cette matière première 100 % renouvelable provient évidemment des arbres des forêts mais sous différentes formes. La pâte à papier utilise soit des arbres d’éclaircies (petits arbres qu’il faut enlever pour favoriser la croissance des arbres de qualité destinés au sciage), soit des produits annexes de scieries (résidus du sciage). Le papier est indissociablement lié à la forêt et pour préserver sa source de matières premières renouvelables, le papier promeut une gestion saine et écoresponsable des forêts en travaillant avec des systèmes de certification indépendants qui garantissent que le bois utilisé provient de forêts gérées durablement. Les 2 principaux labels sont FSC (Forest Stewardship Council) et PEFC (Programme for Endorsement of Forest Certification Schemes) : ils prouvent que les propriétaires entretiennent bien leurs forêts, replantent régulièrement des arbres et respectent les valeurs sociales, économiques et écologiques requises. Mais ce n’est pas tout : les autres maillons de la filière du papier font également l’objet de contrôle. Ce n’est que lorsque tous les acteurs impliqués ont été certifiés que le produit final peut porter le label de durabilité, garantissant aux consommateurs qu’il provient d’une forêt soumise à une gestion durable.

Plus de 90 % du bois utilisé en Europe pour la production de pâte à papier provient des forêts d’Europe¹. Par ailleurs, 60 % des forêts de l’UE sont certifiées (PEFC ou FSC)². Et au niveau mondial, la surface des forêts certifiées augmente année après année : entre 2000 et 2019, la surface des forêts certifiées FSC ou PEFC a crû d’environ 375 millions d’hectares³. Les entreprises de la filière belge du papier utilisent en priorité ce bois certifié⁴. Et le grand public approuve cette politique volontariste : 2 Belges sur 3 acceptent le prélèvement d’arbres pour les besoins de la filière du papier et du carton pour autant que le bois soit issu de forêts certifiées⁵. Il faut cependant savoir qu’en Europe, seuls 13 % du bois consommé sont utilisés pour la production de papier et de carton.

Aujourd’hui, l’UE compte 180 millions⁶ d’hectares de bois et forêts et c’est une excellente chose pour le climat, car les arbres captent le CO2 de l’atmosphère grâce à la photosynthèse⁷. Ils convertissent ces molécules pour leur propre croissance en produisant de la cellulose. Ce faisant, ils diminuent les quantités de CO2 atmosphériques et participent à la lutte contre le changement climatique et le réchauffement de la planète.

Mais tout cela est largement méconnu du grand public. Ainsi, en matière de gestion des forêts, plus de la moitié des Belges ignorent ce qu’est la certification forestière⁸.

1. CEPI. (2018). Key statistics 2018. Bruxelles, Belgique : CEPI.
2. European Environment Agency. (2016, 29 avril). European Forest Ecosystems: state and trends. Consulté le 30 juin 2020 sur https://www.eea.europa.eu/
3. FAO. (2020). Global Forest Resources Assessment 2020: Main report. Consulté le 17 août 2020 sur http://www.fao.org/
4. Service public fédéral Santé publique, sécurité de la chaine alimentaire et environnement. (2018). Bois certifié sur le marché belge en 2016. Consulté le 10 septembre 2020 sur https://www.health.belgium.be/
5. Paper Chain Forum. (2018, janvier). Étude de marché 2018.
6. European Environment Agency. (2017, 10 septembre). Landscapes in transition. An account of 25 years of land cover change in Europe. Consulté le 30 juin 2020 sur https://www.eea.europa.eu/
7. Paper Chain Forum. (2017). Papier : Mythes et Réalités. Bruxelles, Belgique : Paper Chain Forum.
8. Paper Chain Forum. (2018, janvier). Étude de marché 2018.

« Protéger nos forêts des conséquences du réchauffement climatique est, de loin, le principal challenge des gestionnaires. Ils doivent trouver un juste équilibre entre les différentes fonctions de la forêt, toujours plus sollicitées par l’ensemble de la société : plus de matières premières, plus d’espace de récréation… Pour y parvenir, il nous faut des forêts hautement résilientes, ce qui n’est possible que par une gestion durable. Or cela exige des abattages réguliers, qui prélèvent l’accroissement et marquent l’amorce d’un nouveau cycle. Le papier ne détruit absolument pas la forêt. Au contraire, c’est selon moi un produit indispensable comme support d’information ou d’emballage. »

Jean-Pierre Scohy,
inspecteur général du Service public de Wallonie, Département de la Nature et des Forêts.